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Le peuple contre la démocratie : le populisme

Patrice Deramaix


L'élection présidentielle du 21 avril 2002 a démontré sans équivoque que le FN sort de la marginalité. Les termes de " populisme ", ou de " national-populisme ", replacent celui de " (néo) fascisme " pour qualifier cette formation politique. Des leaders populistes apparaissent sur la scène politique européenne. Leur programme mêle l'autoritarisme au libéralisme et utilise les inquiétudes populaires pour stigmatiser les immigrés, la mondialisation ou l'intégration européenne. Usant habilement des signes de la modernité médiatique, ces partis monopolisent, au détriment de la gauche politique, les inquiétudes suscitées par la mondialisation néo-libérale.

Dans son ouvrage " L' illusion populiste " (éd. Berg international, 2002) , Pierre-André Taguieff procède à une analyse conceptuelle et à une étude comparative des discours et pratiques aboutissant à une sorte de phénoménologie du populisme. Nous tentons ici de rendre compte de l'essentiel de l'ouvrage avant d'aborder la signification et la portée des populismes nationalistes européens.

Aux sources du populisme : de l'idéalisation du peuple à la démagogie nationaliste

L'appel au peuple apparaît comme le geste fondamental du populisme, ce qui permet son assimilation au paralogisme dit " argumentum ad populum " qui supposerait erronément que la vérité découlerait de l'assentiment populaire remporté grâce à un appel émotionnel. A ce titre, le populisme ne serait rien d'autre qu'une démagogie. Avant 1990, le vocable est peu usité, du moins hors du registre savant qui se réfère essentiellement à un mouvement de revendication sociale qui apparut aux Etats-Unis en 1880 cristallisé dans un éphémère " parti populiste " en 1890 et au populisme russe, narodnichestvo, qui désigne le mouvement d'opposition des intellectuels russes au tsarisme, dans les années 1850-1880.

Mais depuis une décennie, le terme entre dans les médias sous le mode de la dénonciation : le populisme apparaît comme une figure du mal politique regroupant en son sein les maux de la passion politique : xénophobie, anti-élitisme, nationalisme, irrationalisme… Mais plus qu'une menace précise, le populisme est un des symptômes de la crise des démocraties représentatives dans le contexte de la mondialisation et de la construction européenne. Il incarne une corruption idéologique de la démocratie, en révèle les dysfonctionnements et exprime une exigence de participation populaire sous le mode fusionnel d'un communautarisme national ou identitaire.

Peut-on admettre une unicité de l'attitude populiste ? Taguieff parcourt cette nébuleuse politique pour en constater l'extrême hétérogénéité. Sur un plan méthodologique, il distingue l'usage polémique du terme de son usage savant, et constate la présence de l'acception péjorative dans le discours supposé descriptif des mouvement populistes.

L'usage actuel résulte d'une sédimentation des successives significations découlant de l'histoire des populismes. Le maccarthysme fut considéré comme un populisme. Il en est de même du poujadisme français. En Grande Bretagne, dans ces mêmes années (1950-1960) Enoch Powell, leader d'un mouvement xénophobe et nationaliste, usait d'une rhétorique populiste proche de celui de J.-M. Lepen. Les références au populisme se raréfient dans la presse au cours de la décennie suivante d'autant plus que ces formations xénophobes, racistes ou nationalistes sont aisément assimilées au fascisme.

C'est après 1990 que le terme " populisme " se retrouve sur-employé. En fait, même si ces populismes stigmatisés corrompent l'idéal démocratique en écartant l'égalitarisme qui y est sous-jacent, le populisme s'appuie à l'origine sur une idéalisation du peuple propre à un socialisme humaniste et réformiste (par opposition au révolutionnarisme communiste). En Amérique du Sud, le leader populiste est une figure archétypale de la vie politique : Perón en est un exemple historique marquant. Son programme associe un autoritarisme à une politique sociale progressiste, établissant un lien affectif fort entre un leader charismatique et les masses. On remarque l'absence de médiation entre le leader et le peuple, ce dernier attendant des promesses de tribune une concrétisation immédiate dans l'ordre social. Le populisme affirme l'indépendance nationale, la souveraineté face à l'influence du capitalisme étranger et met l'accent sur l'identité nationale transcendant les clivages de classe.

Même si la filiation avec l'extrême droite est réelle, on ne peut masquer les spécificités " postmodernes " du populisme actuel. Ce qui interdit une vision réductionniste de ces mouvements. Pour nombre d'entre eux, le démarquage par rapport au néo-fascisme est explicite : on se rapproche plus du libéralisme thatchérien que du mussolinisme

Questions de méthode

L'imprécision du terme entraîne un " persistant désordre sémantique " obligeant à des précautions oratoires si l'on veut éviter des confusions et des malentendus. Il s'avère nécessaire de construire la catégorie par une analyse des mouvements qualifiés comme populistes. Cette approche aboutit à dégager les points communs de ces formations, mais elle n'échappe pas au cercle vicieux d'une élucidation conceptuelle à partir d'une définition a priori des formations analysées comme relevant de la catégorie à construire.

Entre le monisme d'une définition essentialiste du populisme, qui théorise le concept avant d'aborder l'étude des partis et mouvements, et le pluralisme pragmatique d'une étude comparative, empirique et classificatoire, menée sans conceptualisation préalable, Taguieff insiste sur la " plurivocité du concept ". " Populisme " apparaît comme un terme à contours flous, que l'on peut cerner à partir d'un prototype et de ses variantes. La méthode conduit à une énumération d'exemples dont on dégage un schème commun.

La référence au peuple, à qui on s'adresse dans un discours l'opposant aux élites, constitue la " manière " populiste de mobilisation politique. Le peuple y est perçu comme une réalité globale, à la fois concrète et mythique, transcendant les antagonismes de classe. Dans cette perspective, le populisme s'oppose aux marxismes, qui s'adresse spécifiquement au prolétariat ou à la classe ouvrière. Le populisme russe, comme le populisme américain, mobilisait le monde rural. Le populisme d'aujourd'hui mobilise les couches populaires supposées s'enraciner dans la nation perçue comme unicité ethnique : il s'opposera tant au " capitalisme sans patrie " qu'au prolétariat déraciné issu de l'immigration. On pourra cependant discerner un populisme démagogique produit par les classes dominantes, qui utilisent selon leur intérêt les ressentiments du peuple : le nazisme en est un des prototypes. Mais à ce populisme de droite s'oppose un populisme de classe dominée qui s'oriente vers un socialisme de masse, que l'on voit surgir fréquemment dans les nations émergentes du tiers-monde, cherchant à organiser un peuple érigé en absolu.

Compatible avec des théories politiques opposées, le populisme est plus une méthode de mobilisation qu'une théorie à part entière. Il vise tactiquement à construire une unité politique à travers le mythe d'un peuple uni autour d'un leader. Les mouvements sont divers mais un point commun se dégage : le refus des médiations qui s'exprime à travers la dénonciation des institutions politiques en place. En cela, le populisme est une révolte citoyenne contre le formalisme de l'Etat de droit. Cette tension est cependant constitutive du paradoxe démocratique qui articule le référent au peuple et la médiatisation institutionnelle de la participation politique. Le populisme correspond à la nécessité, dans un contexte de faible légitimation des classes dominantes, de s'allier à des secteurs urbains des classes dominées : le leader populiste se définit comme un " médiateur actif " au service d'un compromis social " permettant d'assurer à l'Etat une légitimité minimale ".

Taguieff dégage six domaines de significations entrecroisées :

Le national-frontisme comme populisme

On ne reviendra pas ici sur l'analyse des spécificités idéologiques du Front National, parti que l'on peut qualifier de " national-populiste " à forte composante identitaire, xénophobe et " volkish ", pur relever comment les conseillers de J.-M. Lepen, ont su récupérer à leur profit l'étiquette, jusqu'alors péjorative, de populisme. Dès 1991, Lepen opère une redéfinition positive du terme par la mise en équivalence du populisme avec la démocratie. Il passe par une neutralisation de sa charge polémique inhérente au populisme en se référant à la volonté populaire. Lepen se qualifie ainsi en " vrai démocrate " par opposition au parlementarisme des élites : " populiste et fier de l'être ", telle pourrait être la posture lepéniste. La revalorisation du populisme, à comprendre comme une identification du " demos " (le peuple en tant que couche sociale) à " l'ethnos " (le peuple comme ethnie) , fonctionne comme un substitut du nationalisme.

Le FN se veut " réaliste " contre l'utopisme d'un cosmopolitisme, " national " face au mondialisme, et " populaire " face à l'élitisme attribué au gouvernement en place. Le populisme tribunicien d'extrême-droite prolifère dans une Europe déstabilisée par la globalisation économique et confrontée à ses conséquences visibles : perte d'identité nationale, migrations, crise sociale et économique. Par opportunisme ou par ruse, certains mouvements se " défascisent " et s'adaptent à la communication audiovisuelle : au tribun spécialiste des effets de menton, succède le leader chaleureux, souriant et moderniste, soigneusement formé par les experts en marketing. Mais les programmes des Haider, des Fortuyn et des Berlusconi, en matière d'immigration ou de droit social, ne se démarquent pas de ceux portés par les " fascistes " de jadis.

Le front national peut être analysé comme un mixte de bonapartisme, de conservatisme réactionnaire, et de populisme xénophobe. Cinq traits le caractérisent comme idéal-type du national-populisme : l'appel politique au peuple, le refus des distinctions de classes et idéologiques, le refus des médiations institutionnelles par le recours à l'appel direct à un peuple " sain ", " vertueux ", " intact " contre la ploutocratie et les élites, l'appel à la rupture purificatrice et le rejet xénophobe des immigrés, voire des citoyens d'origine étrangère. Ce dernier point s'oppose radicalement à la tradition universaliste française qui se refuse à poser des obstacles raciaux ou culturels à l'assimilation et l'intégration. Le lepénisme met en branle un nationalisme d'exclusion par opposition au nationalisme d'assimilation portée tant par la gauche que par les gaullistes.

Signification du populisme

On peut se demander quelle signification peut revêtir l'irruption du populisme, déconsidéré jusqu'il y a peu et aujourd'hui revendiqué sous la dénonciation d'une rupture entre la gauche et le peuple. Car le populisme ne se limite pas à sa version ultra-droitière, la gauche radicale, alter-mondialiste ou néo-trotskyste, se réclame aussi d'un peuple idéalisé… mais au contraire des nationalismes, le peuple ainsi invoqué transcende les frontières et prend la figure d'un prolétariat transfiguré par un messianisme tiers-mondiste : le populisme sud-américain réapparaît comme avatar postmoderne du guévarisme : du sous-commandant Marcos au président vénézuélien Hugo Chavez, les hérauts du peuple semblent promis à un bel avenir, médiatique à défaut de succès politique. Le populisme sud-américain se marque aussi bien à gauche qu'à droite et prend racine dans un mode de mobilisation politique qui, tout en intégrant les potentialités des mass-médias, conserve le mode archaïque (proto-démocratique) d'une relation directe, affective et clientéliste au peuple. A l'Est de l'Europe, les néo-démocraties post-communistes semblent être aussi en proie à la tentation populiste, qui retrouve d'ailleurs quelques caractéristiques du national-populisme xénophobe.

Au cœur du populisme, se trouve être le nœud problématique de la démocratie, au point qu'on peut se demander dans quelle mesure l'exercice du pouvoir démocratique peut faire l'économie du populisme. Si l'on considère que la source du pouvoir est la volonté générale conduisant le peuple a accepter l'hétéronomie d'un pouvoir étatique garant de sa sécurité, de ses libertés et de ses droits : toute forme de représentation démocratique doit faire appel à la reconnaissance du peuple. Dans la pratique, l'élection démocratique met en jeu les mécanismes de séduction du pouvoir et spectacularise un rapport immédiat à la population. La scénographie des comices, des fêtes nationales et populaires, des manifestations de masse comme des campagnes électorales joue du populisme en multipliant les gestes d'appel au peuple.

Mais l'exercice du pouvoir se refuse à l'immédiateté du plébiscite constant : la politique est affaire de métier et requiert une spécialisation des compétences, comme elle requiert une différenciation des partis et des mouvements. Parce que l'exercice du gouvernement ne coïncide jamais totalement avec une volonté générale bien théorique, le pouvoir institutionnalisé passe à travers une représentation partidaire. Les citoyens s'organisent en clans, en formations, en partis et, la composition concrète des gouvernement dépendent du rapport de force que ces partis mettent en place à l'occasion des scrutins. Aussi une tension subsiste toujours, que les pratiques parlementaires - scénographie du pouvoir et de l'opposition - tente de réguler. Mais une telle régulation, très médiatisée au niveau institutionnel, reste décevante pour le peuple qui aspire à une souveraineté sans intermédiaire. Le populisme serait-il un anarchisme ? Rien de tel. L'anarchisme rencontre d'autres apories, notamment celui de voir se substituer à la force légitime du droit, le pouvoir informel des leaders " naturels " au sein d'une population déstructurée par l'absence d'institutions. Le populisme quant à lui, aspire à l'autoritarisme et mobilise pleinement le désir de servitude.

En quelque sorte, le leader populiste serait hobbésien plutôt que rousseauiste. Le peuple cherche à échapper à l'état de nature qui résulte d'une perte de légitimité des institutions plaçant aveuglément sa confiance sur un chef charismatique qui se dit capable d'unifier la nation sous sa houlette, monopolisant toute la puissance. Le populisme est certes populaire - le chevalier de La Palice en dirait autant - mais il ne peut être démocratique (à moins d'être voué à l'échec politique) précisément ce que les promesses effectuées ne peuvent être tenue sinon au prix d'un déni des droits de l'opposition. Un peuple unifié sous l'égide de la nation ne saurait rester uni dans un système pluripartidaire, aussi les formes pluri-partidaires de la démocratie ne sauraient se conjuguer avec le populisme. Ce dernier n'apparaît donc comme le symptôme marginal d'une crise de la représentation, un symptôme auquel on doit certes porter de l'attention mais qu'il ne faut pas espérer réduire en accordant crédit, ou légitimité, à ses revendications.

La problématique se déplace donc vers la crise de la représentation démocratique. Il faut bien avouer que les partis échouent, dans nos pays, à résoudre la crise structurelle, économique et sociétale, que nous vivons mais cette crise, qui touche aux fonctionnement de nos institutions, ne peut être résolue que par une prise en main, par les citoyens eux-mêmes, du destin collectif. Alain espérait " un peuple instruit, qui délibère et discute ; un peuple éclairé par des spécialistes, éclairé par ses représentants, mais non pas gouvernés par eux ". C'est probablement là, dans ce rapport au savoir, que se situe la carence essentielle de nos démocraties qui, au nom d'un libéralisme mal compris, confient aveuglément au secteur privé des fonctions, des charges, des responsabilités - l'enseignement, la communication et la transmission d'une culture commune - qui ne devraient être mises en œuvre qu'en vertu de l'intérêt général et au nom de l'humanité.

L'humanité devrait être le référent ultime de l'action politique. Or force est de constater que le cadre national dans lequel il s'exerce apparaît, au vu de la globalisation économique, comme étriqué. En tout cas, la nation laisse transparaître pleinement son caractère paradoxal : d'une part c'est un cadre d'universalisation de la conscience par l'unification sociale, politique et culturelle qu'elle permet, et constitue par là, l'espace privilégié des premières démocraties républicaines et d'autre part, il peut être le cadre d'un nationalisme d'exclusion, xénophobe voir raciste dans la mesure où il identifie l'unité politique nationale à une unité ethnique ou culturelle.

L'idéal républicain français entend faire de la nation un facteur d'intégration transculturelle, il procède dans ce but par assimilation et séparation stricte entre l'espace public, lieu du politique, et l'espace privé, où s'expriment les convictions et moeurs particularistes. Le cadre national républicain ne reconnaît pas la diversité multiculturelle qu'elle ne tolère que dans l'espace privé. Ce en quoi elle rencontre l'obstacle des ressentiments communautaires surgissant sur le terreau d'une discrimination socio-économique inavouée : la construction ethniciste, séparatiste ou communautariste, des " sub-nations " est l'enjeu d'une lutte pour la reconnaissance capable de démanteler l'unité républicaine.

Cette crise est d'autant plus le terreau des populismes, et des nationaux populismes qui tentent de reconstruire sur l'ethnie l'unité nationale perdue, que la décomposition sociale s'accompagne d'une homogénéisation transnationale des modes de vie, et d'une perturbation considérable du paysage sociologique généré par les migrations internationales. Ces dernières sont l'effet de la globalisation et des nouvelles fractures socioéconomiques qu'elle engendre, mais pour le national-populisme, les migrants cristallisent en eux les maux de la mondialisation. Ils feront d'autant plus aisément fonction de bouc émissaire que la stigmatisation du travailleur migrant, et sa précarisation sociale, servent les intérêts économiques du principal acteur de la globalisation économique : le patronat. Le nationalisme ethnique apparaît comme une fausse réponse, mais parce que ce discours se situe à un lieu stratégique de convergence de désir, d'intérêts et de fantasme entre une population économiquement destructurée et une fraction du patronat trop heureux de bénéficier d'un volant de main d'œuvre malléable à merci, son succès médiatique et politique est quasiment assuré.

Le nationalisme républicain est-il capable de tenir le pari et de résoudre l'aporie d'une globalisation économique face aux souverainetés démocratiques ? A court terme, le souverainetisme républicain a échoué à se faire reconnaître comme force politique électoralement crédible. En France, comma dans les autres nations européennes, la volonté d'une intégration politique et économique européenne domine la scène politique, reléguant le souverainetisme républicain aux marges ou ne le laissant s'exprimer que sous la forme droitière des nationalisme ethniques.

La menace qui se profile est ici de nature libérale : le succès économique passe par la construction économique européenne mais celui-ci implique un transfert de souveraineté vers des instances dont la transparence démocratique n'est pas évidente. Par ailleurs, des forces politiques remettent en cause, à l'échelle européenne, les principes de l'unité républicaine en favorisant le communautarisme linguistique et le régionalisme. Les incertitudes institutionnelles de l'Europe et son expansion accélérée vers l'Est, qui repose sur des seuls critères économiques ou de démocratie formelle, rendent problématique le maintien de souveraineté politique des nations. D'autant plus que les constructeurs de l'union européenne semblent souscrire, sans distance critique aucune, aux principes du libre-échange tout en adoptant, dans un espace élargi, les tares du protectionnisme ethniciste à l'encontre des migrants non européens.

Absence de réponse politique au niveau institutionnel, subordination de l'intérêt général aux intérêts privés, remise en cause de la laïcité, carences sur le plan de la politique de défense et absence d'autonomie face au géant américain, déni d'humanisme à l'égard des populations du Sud, interpénétration du politique et des activités mafieuses … il ne manque pas de matière pour établir un réquisitoire contre une Europe devenue incapable d'affirmer son universalisme et de marquer sa distance par rapport aux pouvoirs économiques et financiers transnationaux dominé par les Etats-Unis.

Face à ces carences, le souverainetisme républicain, qui consisterait à reconstruire l'autonomie nationale face à l'intégration européenne, est séduisant, mais l'entreprise n'est pas sans difficultés puisque cette option conduirait à une subordination de l'intérêt général, celui de l'humanité, aux intérêts nationaux. Il constituerait un repli dans un combat pour l'émancipation qui ne peut être gagné que dans un espace géopolitique global, celui de la planète.


copyright : P. Deramaix - décembre 2002
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